Notre-Dame de Goz-Iliz
A l’origine des plus anciens pardons bretons et de la protection des gens de mer
Notre-Dame-de-Goz-Iliz signifie « vieille église » en breton. Les premières attestations de son culte remontent au VIème siècle. Dès le XIIème siècle, c’est un des plus grands pèlerinages de marins de Bretagne. La chapelle actuelle a été construite en 1716 au même emplacement que la précédente, en réutilisant ses pierres. Au début du XXème siècle, elle est étroitement liée à la pêche à la morue et à la protection de ses pêcheurs. Une expédition fort triste mais hélas courante à cette époque est racontée dans le livre de la paroisse.
Le 2 mai 1905, le Saint-Antoine de Cancale se trouve dans les eaux de Terre-Neuve. Vers 5 heures du matin, le capitaine envoie trois doris à la pêche. Il fait un temps clair et ensoleillé. L’un des doris est dirigé par Jean-Marie Bouédec, originaire de Pleudaniel, accompagné d’un jeune Thomas de Saint-Quay-Portrieux. Les deux autres doris sont menés par des hommes de Pabu. Contrairement à Thomas qui embarque en laissant son ciré sur le Saint- Antoine, Jean-Marie Bouédec est prudent et prend le sien avec lui.
Très vite, la météo change, le vent se lève et la tempête se déchaîne. Les pauvres pêcheurs reçoivent des paquets d’eau et Thomas est rapidement trempé. Ils sont transis de froid. Les embarcations sont fragiles et se perdent dans la brume. Plus de 24 heures se sont écoulées depuis leur départ en doris et les deux pêcheurs sont affamés. Ils dévorent la seule boîte de biscuits qu’ils ont avec eux. Hélas, insuffisante pour reprendre des forces.
Thomas meurt le quatrième jour après s’être recommandé à Dieu. Jean-Marie Le Bouédec est à bout de forces. Le 7ème jour, il pense que lui aussi va mourir et fait une dernière prière : « Notre-Dame-de-Goz-Iliz, ma bonne mère, ayez pitié de votre enfant, ou sauvez-moi sans délai, ou laissez-moi mourir sur l’heure, je n’en peux plus. » Il promet de se rendre à sa chapelle s’il rentre à la maison. Son vœu est exaucé. Après avoir prié, il sent la force de se lever et aperçoit alors un bateau. Il fait signe pour que l’équipage vienne le secourir. Très vite, il arrive près de son doris. Convaincu qu’il doit son salut à Notre-Dame-de-Goz-Iliz, il se rend dès son retour à la chapelle. Il fut le seul survivant des six pêcheurs partis sur les trois doris.
Jusqu’au milieu du XXème siècle, le pardon de Notre-Dame-de-Goz-Iliz est considéré comme l’équivalent du pardon de Notre-Dame-de- la-Clarté à Perros-Guirec. En 1958, il est présidé par Dom Alexis de l’abbaye de Boquen, puis plusieurs évêques se succèdent à sa présidence les années suivantes. Aujourd’hui, il ne perd rien de son authenticité. Il perpétue la mémoire et la protection des marins en rassemblant les fidèles pour un beau moment de paix sur les bords du Trieux.
Pour aller plus loin
Fonds des archives paroissiales de Pleudaniel, registre paroissial consulté aux archives diocésaines de Saint-Brieuc et Tréguier, cote 1 AP-91.
Pierre LOTI, Pêcheur d’Islande, 1886 [1re édition]
Maryline Ricaud